Carnets de voyage

Voyager en bus de Bruxelles à Édimbourg

Photos : Karl Delandsheere

Si vous suivez de près le blog, vous savez déjà que Karl et moi avons décidé de ne pas prendre l’avion en 2019. Le genre de défi qui vous pousse à faire des choix improbables : comme se taper 24 heures de bus pour rejoindre la capitale de l’Écosse.

Cet article n’est pas sponsorisé. Ce voyage a été réalisé à nos frais.

Sommes-nous fous ? Sans doute un peu. En arrivant finalement à Édimbourg, après 24 heures de voyage, fourbue, c’était en tout cas ma conviction. En avion, on rejoint Édimbourg en moins de 2 heures depuis Charleroi pour un prix dérisoire avec une célèbre compagnie irlandaise low cost. Mais, il faut le reconnaître, l’arrivée au terminal de l’aéroport d’Édimbourg a moins la saveur de l’aboutissement d’un long périple.

Pourquoi voyager en bus ?

Sur la route vers Londres près de Calais.

Pour rejoindre le Royaume-Unis par voie de terre depuis la Belgique, il n’y a pas 36 solutions. Il y a bien sûr l’Eurostar, que nous avons pris un nombre incalculable de fois depuis Bruxelles-Midi. Mais les tarifs, pour les dates de notre voyage nous ont vite découragés : 180 € par personne pour un aller simple.

Le ferry ? Nous y avons pensé. Mais outre le fait que ce n’est pas vraiment le moyen de transport le plus écologique, les tarifs (je n’ai plus le prix exact en tête mais c’était bien au-delà des 100 € p.p), la durée du voyage et les difficultés logistiques pour rejoindre le port de départ sans voiture ont également disqualifié cette solution.

Restait l’option bus, que Karl avait déjà testée lors d’un précédent voyage. Plusieurs compagnies de bus low-cost rallient Londres depuis Bruxelles. Notre choix s’est porté sur FlixBus avec un trajet Bruxelles-Londres pour 17,25 €/par personne. Le trajet s’effectue de nuit, ce qui permet d’économiser le coût d’une nuit d’hébergement (spoiler alert : on dort moins bien qu’à l’hôtel, surtout quand on doit descendre du bus deux fois sous la pluie pour les contrôles frontière avant l’EuroTunnel :-D).

Depuis Londres, nous avons trouvé des billets pour Édimbourg avec la compagnie National Express pour la somme dérisoire de 29,60 £… pour deux. Soit un peu moins de 18 € par personne. Nous avons réservé ces billets via le site Omio, un super site pour réserver des trains ou des bus en Europe.

Un bus National Express à la gare routière de Birmingham.

Coût total du voyage par personne : 35,25 €. Pas plus qu’un billet d’avion low cost mais avec une durée de voyage légèrement plus contraignante.

Les petites surprises du voyage

« Il n’y a pas de véritable voyage sans imprévu. » J’imagine que quelqu’un de plus ou moins célèbre a déjà prononcé cette phrase. Sinon, considérez que la citation est de moi.

Embarquement dans un Flixbus destination Lille à Bruxelles.

Quelques heures avant le départ, nous sommes notifiés du retard de notre premier bus que nous devions prendre à 23h30 depuis la gare de Bruxelles-Midi. Une heure de retard. Puis deux. On se dit que ce serait stupide d’attendre dans le froid à la gare pendant des heures (il n’y a plus rien d’ouvert à cette heure-là) donc on repousse l’heure de notre départ en train depuis Liège. Prudents tout de même, nous décidons de partir à 22h, arrivée sur place à 23h, au cas où le bus arriverait miraculeusement à rattraper son retard.

C’est sans compter l’humour de ces petits rigolos de FlixBus qui nous notifient à 20h, alors qu’on mange tranquille avec notre housesitter, qu’ils nous ont trouvé un autre bus qui part de Bruxelles-Nord à 22h35 pour Lille, d’où nous pourrons prendre une correspondance pour Londres. Pour avoir une chance de l’attraper, on doit partir sur-le-champ avec l’espoir de pouvoir embarquer dans le train qui part de Liège à 21h. Heureusement, nos bagages sont prêts mais je dois dire qu’on est loin de l’image d’Épinal de slow travel qu’on s’était mise en tête.

Une belle poussée d’adrénaline et un sprint plus tard, nous sommes dans le train. On espère juste ne rien avoir oublié d’essentiel dans la précipitation. Finalement, c’était la seule surprise du trajet, le reste s’est déroulé exactement comme prévu.

On a profité des 3 heures de pause à Londres pour aller faire un coucou à la garde royale de Buckingham.

Bilan final

  • 24 heures de trajet
  • 4 bus
  • 1 147 kilomètres parcourus
  • 6 heures 20 d’attente entre les transferts
  • 2 contrôles frontières (pendant la nuit)
  • 43,5 kg de C02 par passager, contre 126,17 kg C02/passager en avion (je vous donne le détail du calcul plus bas)

Au final, le voyage m’a certes paru long par moment mais je ne regrette pas l’expérience ! Nous avons traversé de superbes paysages, notamment dans le nord de l’Angleterre, dans le Comté de Cumbria, où je me verrais bien revenir un jour pour randonner.

Un aperçu du paysage, par la vitre du bus.

J’ai profité du trajet pour écouter des podcasts, regarder des épisodes de série sur mon téléphone (téléchargés avant le voyage via l’appli Netflix parce qu’il n’y avait pas de wifi), lire (pas trop pour échapper au mal des transports), simplement apprécier l’instant…

La vue depuis la station service de Tebay, dans le comté de Cumbria.

Nous avons finalement fait peu de pauses en dehors des changements prévus (seulement 2) mais ça ne nous a pas posé problème. Les bus sont équipés de toilettes si besoin urgent. Dans les stations de bus, les toilettes sont payantes (30 p.), des automates vous permettent de faire le change de votre monnaie si besoin.

Tous les chauffeurs et accompagnants des compagnies de bus étaient accueillants et pro. Ceux du dernier bus ont même entrepris de nous apprendre à prononcer Edinburgh avec le bon accent. 😉

Bref, une expérience que je n’oublierai pas de sitôt !

En attendant notre bus, on fait une petite balade à Londres.

Détail du calcul CO2

Changement de bus à Birmingham.

J’ai calculé les émissions C02 d’un vol Charleroi-Édimbourg via GreenTripper.

Pour les émissions du trajet en bus :

  • nous avons payé la compensation C02 de Flixbus pour la partie jusqu’à Londres (qui est donc neutre) ;
  • National Express annonce 0,02810 kg C02/km parcouru/passager dans ce document de 2012 trouvé sur le net. Le site carbonindependent.org est moins optimiste avec une moyenne par passager de 0,089 kg C02/km, ce qui ferait 66 kg de C02/passager pour cette partie de notre voyage (toujours moins que l’avion). J’ai donc fait une moyenne des résultats basés sur les taux d’émissions des deux sites pour la partie Londres-Édimbourg (en passant par Glasgow), soit 742 km. Les chiffres sont approximatifs puisque ça dépend de tout un tas de paramètres, dont le taux de remplissage du bus, mais ça donne une idée.

Et vous, avez-vous déjà voyagé en bus sur une longue durée ? Seriez-vous partant•e pour tenter ce mode de transport ?

Poursuivez le voyage en Écosse

Autres articles à lire