Début avril, j’ai passé une journée à Charleroi. Et, contre toute attente, j’ai été séduite par l’ambiance post-apocalyptique et artistique de cette ville belge que je n’avais encore jamais visitée…
Si on m’avait dit qu’un jour, je passerai une journée en « touriste » à Charleroi, j’aurais probablement éclaté de rire. La bonne blague !
- Visiter Charleroi, élue ville la plus moche du monde par les lecteurs d’un journal hollandais, qualifiée de ville la plus déprimante d’Europe par The Telegraph et unanimement ignorée, voire déconseillée par les guides touristiques ?
- Visiter Charleroi, avec ses ribambelles de toxicomanes, criminels de bas étage et politiciens véreux ?
- Visiter Charleroi et ses ruines tristes, vestiges d’un passé industriel jadis florissant, aujourd’hui définitivement relégué aux oubliettes ?
- Visiter Charleroi, la ville qui faisait la Une des journaux quand j’avais 11 ans et qu’on a tiré un trait sur l’espoir de retrouver vivantes Julie et Mélissa ?
Eh oui, Charleroi, c’est malheureusement tout ça. Mais c’est aussi beaucoup d’autres choses. Entre les fissures du béton sale, de petites pousses vertes cherchent aujourd’hui à atteindre la lumière.
Charleroi, c’est un peu comme une ville post-apocalyptique où quelques humains survivants s’acharneraient à créer quelque chose de nouveau et de beau à partir des ruines.
Et ça, je vous assure, ça vaut la peine d’être vu.
Une ville aux soins intensifs
Nous avons débarqué à Charleroi un dimanche matin d’avril, à l’occasion du Salon des Blogueurs de Voyage. Ce jour-là, nous avions l’opportunité de découvrir Gand, Dinant, Liège, Mons ou Ostende. De s’essayer au métier d’astronaute à l’Eurospace Center ou de s’émerveiller à nouveau devant les pandas de Pairi Daiza. Nous avons choisi Charleroi.
Mais vous êtes fou ? Peut-être. Curieux, surtout. Nous avions envie d’être surpris, de mettre à l’épreuve nos a priori, au risque de changer d’opinion. Pari tenu !
Pourtant, à l’arrivée, Charleroi est à la hauteur des clichés qui l’emprisonnent. À peine traversée la jolie « placerelle » qui sépare la gare de Charleroi-Sud de la partie basse du centre, la réalité crue de la ville nous assaille. Un Carolo de retour d’une soirée bien arrosée à Liège nous aborde. « Vous déconnez ? Vous visitez Charleroi ? Mais c’est la ville des gangsters ici ! Faites attention à pas vous faire agresser ! »
Quelques mètres plus loin, des silhouettes titubent près des cafés fermés. Une prostituée nous tourne le dos, clope au bec. Sur les murs, de splendides fresques s’étalent au-dessus de sacs poubelles abandonnés. Des graffitis et des autocollants crient haut et fort la désillusion des habitants. Je ressens une profonde et pesante mélancolie.
Partout autour de nous, la ville est en chantier. De gros travaux, qui dureront encore des années mais qui devraient donner un nouveau souffle à Charleroi. En attendant, les commerces ont fermé. « C’est courageux ! », nous dit-on. Une grille ferme l’accès au joli Passage de la Bourse.
Telle un grand blessé, Charleroi est aux soins intensifs. On espère qu’elle en sortira avec une nouvelle énergie, sans douter qu’elle en gardera des cicatrices.
Un souffle nouveau
Mais Charleroi, c’est aussi la Ville Haute ! On quitte la Ville Basse en grimpant sec la rue de la Montagne, pour arriver Place Charles II (celui qui a donné son nom à la ville). En haut, c’est jour de marché. Aaah, il y a de la vie ici ! L’ambiance est directement différente.
On passe devant la Maison Dorée, splendide bâtiment Art Nouveau du XIXème, devenue Maison de la Presse. On salue Totor et Tutur, les majestueux lions qui veillent sur le Palais de Justice. On fait un crochet par la station de métro Parc, qui ressemble à un mini-musée de la bande-dessinée belge. On l’oublie parfois, mais Charleroi est un haut-lieu du neuvième art.
Finalement, on débarque devant le BPS-22, le tout nouveau musée d’art de la province du Hainaut. Le bâtiment est un ancien hall industriel dans lequel on formait aux métiers de l’industrie au début du siècle dernier. Aujourd’hui, les heures de gloire de l’industrie sont passées et cet espace historique est habité par une scénographie qui interpelle, de grands espaces où se mêlent oeuvres classiques et art contemporain. Le musée est résolument conceptuel mais étonnamment accessible. Une app pour smartphone disponible gratuitement vous permet de réaliser une visite auto-guidée. J’ai envie de rester plus longtemps mais le programme est serré !
Après une pause déjeuner au très beau musée de la photographie (situé un peu en dehors de Charleroi), direction le Rockerill, un lieu vraiment unique. Cette ancienne forge, dont l’activité fût absorbée par le groupe Cockerill-Sambre dans les années 80, connaît aujourd’hui une seconde vie en tant que « centre urbain dédié aux cultures populaires, sociales et alternatives » (pour reprendre les mots du site web officiel). Un projet porté par un collectif d’artistes et d’amis qui s’investissent pour donner un nouveau souffle à Charleroi.
Aujourd’hui, dans cet ancien haut lieu industriel, on vient danser sur de la musique électro, boire un verre entre amis ou voir une performance artistique dans un décor à faire se pâmer les fans d’ambiance steam punk.
Nostalgie industrielle
La journée se termine par une balade au fil de l’ancien chemin de halage qui longe la Sambre… et les usines, pour la plupart désaffectées. Le long de ce cimetière industriel à ciel ouvert, des artistes (et même Matthias Schoenaerts, d’après ce qu’on nous a dit !) se sont appropriés les murs. Et la nature conquiert elle-aussi doucement les lieux. Au loin, les terrils veillent sur le Pays Noir, comme on l’appelle ici.
Ces terrils, qui ont vu l’âge d’or de Charleroi, verront-ils un jour sa renaissance ? On le souhaite de tout coeur. Et en attendant, on vous invite à vous aussi aller sentir les prémices de ce renouveau.
En pratique
Quelques idées d’activités à Charleroi :
- Amateurs de street art, Charleroi va vous plaire ! La ville a accueilli en 2014 la première édition de la biennale « Asphalte », un festival dédié à l’art urbain. Des artistes internationaux ont créé des fresques monumentales à découvrir dans la ville. Un plan et un livret d’explications sont disponibles à la Maison du Tourisme.
- La Maison du Tourisme du Pays de Charleroi organise régulièrement des promenades guidées (dont une promenade photo le long du chemin de halage). Plus d’infos ici.
- Si vous aimez marcher, il y a aussi un GR qui passe par les terrils, ces collines artificielles vestiges du passé minier de la région où la nature a repris ses droits.
- Le musée BPS 22 est ouvert du mardi au dimanche de 10 à 19 heures. Entrée : 6 €. Gratuit les premiers dimanches du mois. Toutes les infos pratiques ici.
- Le musée de la photographie est situé à Mont-sur-Marchienne, en dehors de Charleroi. Il est ouvert du mardi au dimanche de 10 à 18 heures. Entrée : 7 €. Gratuit les premiers dimanches du mois. Toutes les infos pratiques ici.
- Envie de passer une soirée au Rockerill ? Consultez l’agenda !
- Vous cherchez un hôtel à Charleroi ? Nous avons testé et approuvé le Novotel Charleroi Centre.
Merci à toute l’équipe du Salon des Blogueurs de Voyage, à Tourisme Wallonie Bruxelles, à la Maison du Tourisme de Charleroi et à tous ses partenaires locaux pour cette belle journée ! Nous remercions aussi l’hôtel Pullman Bruxelles Midi qui nous a hébergé durant tout le salon.
Bonus
Poursuivez le voyage à Charleroi
Si vous aimez la randonnée et l’urbex, vous allez adorer la Boucle Noire de Charleroi.
D’autres idées d’excursions en Wallonie
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- On vous propose 4 idées d’excursions originales en Wallonie.
- De jolies ruines à visiter, certes plus anciennes que celles de Charleroi, vous attendent à l’Abbaye de Villers ou encore à Orval (avec, en bonus de la bière !).
- Dans un tout autre style, le parc Pairi Daiza est un incontournable de la Wallonie.
Cet article a été rédigé suite à un blogtrip organisé par Wallonie Belgique Tourisme dans le cadre du Salon des Blogueurs de Voyage 2016. Comme toujours, nous gardons toute la liberté éditoriale sur le contenu de l’article.