Carnets de voyage

Cervia : du sel et des hommes

À une heure et demie de train de Bologne, les amateurs de bronzette viennent se faire lécher les pieds par la mer Adriatique sur les plages de sable fin de Cervia. Mais derrière son apparente frivolité, cette petite bourgade balnéaire réserve de splendides découvertes aux voyageurs prêts à troquer serviette et parasol contre un brin de curiosité. 

C’est dans un hôtel un rien vieillot mais absolument charmant que nous posons nos valises pour une nuit à Cervia. La plage se trouve à quelques centaines de mètres à peine, mais un coup d’oeil depuis le petit balcon de notre chambre suffit à nous dissuader d’y mettre les pieds. Sur le sable, on distingue une marée de parasols et de chaises longues. Heureusement, nous ne sommes pas venus pour ça…

Plage bondée de Cervia
Plage bondée de Cervia

Cervia, au-delà de la plage

Les salines de Cervia
Les salines de Cervia

Ce qui nous amène ici, c’est ce qui se cache juste sous la couche « touristique » de Cervia. Car cette petite ville balnéaire, qui vit aujourd’hui principalement du tourisme, avait un tout autre visage dans une vie antérieure…

Il suffit d’enfourcher une bicyclette et de rouler une bonne dizaine de minutes pour observer l’atout naturel majeur dont dispose Cervia, celui qui a forgé son histoire : d’immense marais salants. Ce qui faisait vivre Cervia, bien avant le tourisme, c’était le sel. Et ce lien avec l’or blanc ne date pas d’hier : les Étrusques, déjà, le récoltaient ici pour l’utiliser ensuite comme monnaie d’échange.

Les salines de Cervia
Les salines de Cervia
Les salines de Cervia
Les salines de Cervia

C’est au cœur de ces immenses « marais salants » que nous nous retrouvons, le soir de notre arrivée, pour admirer le coucher du soleil. Le spectacle est de toute beauté ! Les bassins gorgés de sel de la saline, remplis de quelques centimètres d’eau, se transforment en miroirs rouges-orangés sur lesquels se détachent la silhouette des oiseaux. On se sent au bout du monde, alors que la ville n’est qu’à quelques kilomètres. Et c’est encore plus difficile d’imaginer qu’à une époque, la ville se dressait juste ici, au beau milieu des salines. C’est en 1697 qu’elle a été déplacée, pierre par pierre, jusqu’à son emplacement actuel.

Les salines de Cervia
Les salines de Cervia

Aujourd’hui, les salines, dont 827 hectares ont été transformés en réserve naturelle, sont le royaume des oiseaux. Ils sont environ 100 000, de 70 espèces différentes, à se retrouver ici chaque année pour nicher : hérons, canards, flamants roses, mouettes, sternes, échasses blanches… Un vrai paradis pour les ornithologues et les simples amoureux de la nature.

Les salines de Cervia
Les salines de Cervia
Les salines de Cervia
Les salines de Cervia

Dans les ultimes rayons de lumière de la journée, nous reprenons le bateau pour revenir sur la terre ferme via les canaux de la saline, avant de rejoindre à vélo le centre de Cervia.

Le sel de Cervia : ingrédient de l’écotourisme

Chlorure de sodium. Dans la paume de ma main, j’observe ce petit composé chimique cubique que l’on trouve dans presque tous les placards du monde. Le sel : à la fois basique et incontournable. Sans cette petite chose de rien du tout, nos plats n’auraient pas la même saveur.

Sale di Cervia
Sale di Cervia

C’est le second jour de notre (courte) visite à Cervia. Nous nous trouvons dans un ancien grenier à sel converti en musée : le MUSA. On y découvre l’histoire inextricablement liée de Cervia et de la culture du sel. On apprend notamment que le sel de Cervia n’est pas comme les autres : on le qualifie de « sel doux » ou « sale dolce » en italien. En cause : l’absence quasi totale d’amertume rendue possible par les caractéristiques de l’environnement où il est produit. Contrairement à d’autres sels, il est composé presqu’à 100% de chlorure de sodium, les autres chlorures plus amers étant pratiquement absents de sa composition. Non raffiné ou blanchi chimiquement, le sel de Cervia est particulièrement pur et serait excellent pour la santé.

On observe également des objets, documents anciens, photos qui témoignent de ce passé qui continue à modeler le visage de la ville, même si les sauniers ont remisé depuis longtemps leurs outils.

Tabacco e sale, Cervia
Tabacco e sale, Cervia

Aujourd’hui, l’exploitation industrielle a remplacé la culture traditionnelle du sel à Cervia. C’est la société « Parco della Salina di Cervia » qui gère l’extraction du sel… mais de manière responsable. La société a en fait été fondée par les collectivités locales et une entreprise privée (thermes de Cervia) après que l’État, qui avait repris l’exploitation des marais salants, ait décidé de se départir de ses actifs, jugeant la production trop peu rentable à son goût. Cette nouvelle société s’attache, parallèlement à la culture du sel, à mettre en valeur le patrimoine culturel et écologique des marais salants de Cervia. Elle a reçu plusieurs prix pour son engagement en faveur de l’environnement et du tourisme responsable.

Parmi les activités mises en place, un petit bassin, le bassin Camillone, a été conservé tel qu’il était autrefois. Chaque année, de juin à septembre, des descendants des sauniers de Cervia viennent y perpétuer les gestes de leurs aïeux à l’occasion de démonstrations ouvertes au grand public. Nous n’avons malheureusement pas pu y assister !

Ruelles de Cervia
Les anciennes maisons des sauniers, dans les vieux quartiers de Cervia.

La Pantofla

Fruits de mer, La Pantofla, Cervia
À la table du restaurant « La Pantofla »

Ce qui nous a marqués à Cervia, c’est l’attachement des gens pour leur patrimoine et l’énergie qu’ils déploient pour le préserver. Avant de quitter Cervia, nous nous attablons à la table du restaurant « La Pantofla ». Cet établissement est géré par le « Cercle des pêcheurs de Cervia », une association locale qui œuvre pour la sauvegarde des traditions liées à la pêche. « La Pantofla », c’est le nom du sabot traditionnellement porté par les pêcheurs.

Différentes voiles des pêcheurs de Cervia
À Cervia, chaque famille de pêcheur a sa voile.
Silvano Rovida, La Pantofla, Cervia
Silvano est le président de cette association de pêcheurs

Ce midi-là, en nous régalant de frito misto, de boulettes de poissons et de spaghettis aux cigales de mer, nous nous sommes sentis à 1000 lieues de la plage bondée qui nous avait effrayés le premier jour et heureux d’avoir fait connaissance avec cette petite ville vraiment unique. Si vous séjournez en Émilie-Romagne, n’écartez pas trop vite cette destination qui semble très touristique de votre itinéraire. Vous nous en direz des nouvelles !

En pratique

S’y rendre

Cervia est accessible en train depuis Bologne. Elle est également très proche de Ravenne (20 minutes en train).

Où dormir ?

Vu sa fréquentation touristique, ce ne sont pas les hôtels qui manquent à Cervia. Hors saison, on trouve des chambres à Cervia à partir de 50 € la nuit.

On trouve également de jolis appartement sur Airbnb.

Se déplacer

Cervia à vélo
Cervia à vélo

La bicyclette est le mode de transport à privilégier à Cervia. La plupart des hôtels en mettent à disposition gratuitement. On peut également louer un cuistax ! 😀

Louer un kwistax à Cervia
Louer un cuistax à Cervia

À déguster

Les spécialités de la mer de la Pantofla, bien sûr ! Mais aussi, les piadines, cette spécialité régionale qui ressemble à une crêpe en pâte à pizza. On vous la sert garnie (en version salée ou sucrée) et pliée en 2. Cervia regorge de petits kiosques où l’on peut la déguster sur le pouce. On vous recommande la Piadina Dell’ Angolo.

Piadine
Piadine

Ne manquez pas non plus le gelato au sel de Cervia (version caramel au beurre salé par exemple) et les capelletti (sortes de tortellini farcis à la ricotta, noix de muscade et zeste de citron).

Activités et visites

Pour visiter les salines de Cervia, il faut impérativement s’adresser au centre de visite des Salines. Visites guidées à partir de 6,50 € p.p. Attention, il n’est pas possible de les visiter en hiver.

Le MUSA (musée du sel de Cervia) est accessible gratuitement. On vous recommande vraiment d’aller y faire un tour. Infos et horaires ici.

Il y a encore d’autres choses à faire et à voir à Cervia. Vous trouverez toutes les infos sur le site de l’office du tourisme de Cervia.

D’autres lieux à visiter en Émilie-Romagne

Un séjour dans la région de Cervia vous tente ? Voici d’autres idées d’activités et de lieux à visiter :

Cet article a été rédigé dans le cadre d’un partenariat avec l’Office du Tourisme d’Émilie-Romagne. Nous gardons cependant toute liberté éditoriale sur le contenu des articles. 

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