Deuxième ville d’Autriche, Graz est une destination encore confidentielle si on la compare à Vienne ou Salzbourg. Son histoire, son architecture, son terroir et son goût pour le design en font la candidate idéale pour un city-trip original.
Cet article a été rédigé dans le cadre de la campagne #EuroCultureTrip organisée en partenariat avec l’office du tourisme de Graz. Je reste cependant tout à fait libre du contenu de cet article et mon enthousiasme est, comme toujours, sincère.
Jusqu’à ce voyage à Graz que je m’apprête à vous raconter, je n’avais jamais pris le temps d’explorer l’Autriche, shame on me. Et pourtant, lorsqu’on a traversé le pays en voiture pour rejoindre la Croatie en 2014, on s’est promis de revenir. Mais c’est toujours comme ça : d’autres opportunités se présentent, on se laisse tenter par des destinations plus lointaines et on oublie qu’il y a de belles découvertes à faire en Europe.
Plus tôt cette année, Benoît, de Destination Food, publiait sur ce blog le compte-rendu d’un week-end à Vienne. Il m’a répété qu’on devait vraiment y aller.
Et comme si le destin avait finalement décidé de prendre les choses en main, je me suis retrouvée pour quelques jours à Graz à l’occasion de l’EuroCultureTrip, cette campagne dont je vous ai déjà parlé, destinée à mettre en avant trois régions (l’Emilie-Romagne, la Costa Brava et Graz). Voici le récit de ce que j’y ai découvert…
Premières impressions
Avant tout chose, plantons le décor : Graz, près de 300 000 habitants, seconde ville d’Autriche. Géographiquement plus proche de la Slovénie et de la Hongrie que de Vienne, elle est située dans le land de Styrie (dont elle est d’ailleurs la capitale).
Au niveau architectural, Graz présente deux facettes :
- la vieille ville d’un côté, qui mêle architecture italienne de la Renaissance, petites ruelles médiévales, cours intérieures, arches et façades colorées
- les nouveaux quartiers de l’autre, avec quelques audaces architecturales comme cette galerie d’art qui ressemble à un vaisseau spatial ou cette île flottante dédiée au design installée au centre du fleuve Mur (prononcez « mour »)
Cette double richesse lui vaut d’ailleurs une double inscription à l’Unesco : au patrimoine mondial (centre historique et le château d’Eggenberg) et dans la liste des villes du design.
Ça, c’est pour la théorie. Dans la pratique, la vieille ville de Graz fait partie de ces centres urbains nets et ordonnés (ça doit être son côté germanique) où il fait bon se promener. Ce côté un peu « propret » est contrebalancé par une atmosphère presque méditerranéenne avec une multitude de restos, petites boutiques, bars et cafés branchés…
La vieille ville est dominée par le Schlossberg, une colline au sommet de laquelle trône une horloge et un parc public. Pour monter, on peut emprunter des escaliers (si on est motivé•e), un funiculaire (plutôt pour les petits) ou un ascenseur vitré (si on a la flemme).
L’horloge du Schlossberg est un des symboles de la ville : les habitants de Graz y tiennent à tel point qu’ils ont payé une rançon aux troupes de Napoléon pour la préserver. Ne vous laissez pas surprendre si vous y jetez un œil pour vérifier l’heure : elle a la particularité d’avoir une aiguille des heures plus longue que celle des minutes (à la base, il y avait uniquement une aiguille pour les heures. Quand on a voulu ajouter les minutes, il n’y avait pas suffisamment d’espace pour en faire une plus longue :-D).
Et si le Schlossberg offre une superbe vue panoramique sur Graz, il y a un autre endroit un peu secret pour balayer la ville d’un regard : la terrasse au sommet du centre commercial Kastner und Hölner. Mais je ne vous ai rien dit, c’est un secret ! 😉
L’or vert
La Styrie (le land dont Graz fait partie si vous avez suivi) est renommée pour une spécialité culinaire en particulier : l’huile de pépin de courge. Si vous faites parfois vos courses dans des magasins bio, vous connaissez peut-être ce produit aux propriétés multiples. Pressée à froid à partir de graines de courge, cette huile verte a une saveur de noix bien particulière qui s’accorde à merveille avec une bonne salade, en garniture d’une soupe à la courge ou d’une omelette.
Lors de ce voyage, j’ai eu l’occasion d’aller à la rencontre d’une maison renommée et primée à plusieurs reprises pour la production de ce véritable « or vert » de Styrie : le moulin Haindl à Karlsdorf, à 15 km de Graz.
L’huile de pépin de courge est produite à partir d’une variété bien spécifique de courge (la variété styrienne de la cucurbita pepo) qui peut contenir jusqu’à 100 pépins. Il en faut environ 2,5 kg, soit les pépins de 30 à 35 courges, pour obtenir un litre d’huile pure. Ce qui explique son prix (21 € la bouteille d’un litre au moulin de Haindl). Auparavant, on récoltait les graines à la main et on laissait ensuite les courges ouvertes sur le champ afin de le fertiliser ou on en nourrissait les bêtes. Aujourd’hui, la récolte est effectuée à l’aide de machines.
Les graines sont ensuite lavées, séchées et torréfiées avant d’être pressées à froid selon un cahier des charges très précis (l’huile est protégée par une IGP).
Mais l’huile de pépin de courge est loin d’être l’unique trésor culinaire de la région de Graz. La choucroute, la Grazer Krauthäuptel (une variété de laitue), les haricots écarlates (sorte de grosses fèves dont les couleurs sont magnifiques lorsqu’ils sont crus), le raifort, la truffe de Graz et plein d’autres superbes produits se retrouvent sur les étals du marché.
Tout un réseau de producteurs s’est d’ailleurs mis en place pour valoriser tous ces produits du terroir. Ils ont notamment édité un livre de recettes originales (disponible uniquement en allemand malheureusement). À la ferme Genussbauernhof d’Hillebrand, nous avons notamment dégusté un merveilleux gâteau au chocolat et à la choucroute (!) que je ne suis pas prête d’oublier.
Vous remarquerez que je n’ai parlé ici que de légumes : en tant que végétarienne, Graz est un vrai paradis gourmand. Il y a énormément de restos végé/vegan et la plupart des restaurants de la ville ont des plats végétariens à la carte.
Les nouveaux quartiers de Graz
Peut-être encore plus qu’ailleurs, on assiste à Graz à une véritable effervescence entrepreneuriale. Une multitude de concept stores, coffee shops, coopératives, restos et autres lieux à identité multiple poussent un peu partout. Les quartiers de Lend et de Gries, autrefois les quartiers rouges de Graz, deviennent aujourd’hui l’épicentre de ce bouillonnement. Ils sont situés de l’autre côté de la rivière Mur par rapport au centre historique et valent clairement le coup d’œil.
On y trouve des lieux aussi variés que des salons de coiffure retro, des boutiques de sacs upcyclés par des jeunes en réinsertion, des coffee shops où l’on peut apprendre à torréfier son café, des bars à cocktail (comme le Kabuff dont le nom signifie littéralement « pas un bordel » en dialecte local, en référence au passé chaud du quartier)…
J’ai adoré l’atmosphère arty et vibrante de ces nouveaux quartiers et je compte bien m’y attarder plus longtemps lorsque je reviendrai à Graz.
Musées insolites
Avant de clôturer mon article et de vous livrer quelques infos pratiques, j’ai envie de vous parler de deux musées particuliers que j’ai pu visiter lors de mon séjour à Graz.
Le premier se situe en dehors de la ville, à 20 km, près de la ville de Stübing. Il s’agit d’un musée en plein air qui vaut vraiment le détour. On y préserve 98 bâtiments historiques (fermes, églises, écoles…) venus de toute l’Autriche et reconstruits sur place dans un décor champêtre.
On peut non seulement visiter ces bâtiments mais aussi assister à des démonstrations de techniques ancestrales (de construction par exemple). C’est vraiment un endroit hors du temps, superbe lorsqu’il fait beau. On peut y accéder en bus depuis Graz.
Le second se situe dans le même bâtiment que le centre d’info touristique de Graz : il s’agit de l’Arsenal styrien, une armurerie historique qui présente une collection incroyable de plus de 32 000 armes et armures datant du 15ème au début du 19ème siècle. Ce qui m’a le plus impressionnée, je pense, c’est que ces pièces ne sont pas exposées à l’intérieur de vitrines mais rangées soigneusement comme prêtes à être saisies pour partir au combat (bien sûr, les gardiens veillent pour que personne n’y touche). Si vous êtes un temps soit peu fan d’histoire, de fantasy ou de jeux de rôle grandeur nature, c’est clairement un immanquable !
En pratique
S’y rendre
Graz dispose d’un aéroport avec des liaisons depuis l’Allemagne. On peut aussi la rejoindre en bus avec la compagnie Flixbus ou en train depuis Vienne par exemple.
Où dormir ?
Lors de ce voyage, j’ai séjourné à l’hôtel Amedia Luxury Suites, un boutique hôtel quelque peu décentré mais très facilement accessible depuis le centre historique en tram. Chaque suite de l’hôtel est décorée de façon unique par l’artiste peintre Simone Gutsche-Sikora. Dans ma suite, j’avais notamment des petits papillons dorés, une fausse fourrure de tigre et un canapé gold. On aime ou on n’aime pas, en tout cas c’est original et c’était très confortable.
J’ai également beaucoup apprécié le buffet petit déjeuner qui est vraiment bien fourni, y compris en laits végétaux pour les intolérants et/ou vegans.
Quelques adresses coup de cœur
Ne manquez surtout pas Frankowitsch, une brasserie à l’atmosphère vintage et une véritable institution, où l’on déguste des toasts garnis de 1001 façons. Pour accompagner cette petite collation, vous pouvez demander une mini-bière. 😀
Autre bonne adresse végé : le Mangolds, un self-service végé/vegan vraiment bon et économique (vous payez au poids).
Pour un vrai bon resto, je vous recommande l’Eckstein qui sert des plats concoctés avec des ingrédients de saison et locaux et propose quelques options végé à la carte.
Poursuivez le voyage en Autriche
- Benoît de Destination Food vous emmène en week-end gourmand à Vienne.
Découvrez les autres étapes de l’EuroCultureTrip
Avant Graz, j’ai redécouvert l’Emilie-Romagne et visité pour la première fois la Costa Brava.