Son nom vous évoque peut-être vos cours de géographie… Le delta du Pô, situé en bordure de la mer Adriatique est une zone naturelle et historique remarquable qui vaut le détour !
Cet article a été rédigé suite à plusieurs séjours à Ravenne, réalisés notamment avec le soutien d’Emilia Romagna Turismo. Je garde toute liberté éditoriale sur le contenu présenté.
Lors de mon dernier séjour en Émilie-Romagne, j’ai eu la chance de passer deux jours dans le parc naturel régional du delta du Pô. Bien entendu, c’est un temps beaucoup trop court pour explorer en profondeur les plus de 50 000 hectares de ce parc, fondé en 1988. Mais ce temps a suffit à éveiller ma curiosité et me donner envie d’y retourner si l’occasion se présente.
Même si j’ai relativement peu de matière, j’avais envie de vous partager quelques photos et coups de cœur de cette visite express. Pour vous donner le goût, peut-être, d’aller découvrir vous-même ce que cette très belle région méconnue peut vous offrir.
Le delta du Pô, ça ressemble à…
Pour ceux qui ont la carte en tête (on replonge dans le cours de géo !), on se situe entre les provinces de Ravenne et de Ferrare, en Émilie-Romagne, au sud de la Vénétie (qui a son propre parc du delta du Pô, à ne pas confondre).
Au niveau des paysages, cela ressemble un peu à la Camargue : des lagunes, à la bonne période des flamants roses (!), et une variété de volatiles à faire se pâmer les ornithologues. Après les Appenins, tout m’a semblé plat au niveau des paysages (au premier sens du terme), posé. L’horizon s’étirait à l’infini… et me laissait une sensation d’espace et de sérénité profonde.
Historiquement, les terres du delta ont été gagnées sur les eaux avec des techniques d’assèchement destinées à permettre l’agriculture. Aujourd’hui, une partie du parc est rendue à son état sauvage et conquise à son tour par les oiseaux et la végétation.
La pêche est, sans surprise, l’activité économique phare, avec la production de sel (que j’ai eu l’occasion de découvrir à Cervia). Alors que l’on sillonne les petites routes, on voit apparaître au bord de l’eau des filets tendus au dessus de cabanes sur pilotis et des petits bateaux de pêche.
Comacchio, l’autre Murano
Notre premier arrêt dans le parc régional du delta du Pô a été la petite ville de Comacchio. Avec ses charmants canaux enjambés par des ponts (13 petites îles la composent), ses maisons colorées et ses barques traditionnelles, Comacchio évoque directement la Vénétie, Murano et Burano.
Sauf qu’ici, le tourisme n’en est encore qu’à ses balbutiements et l’on sent que les temps ont été durs, loin de la prospérité économique de Venise. Les maisons à vendre sont légion, les habitants qui restent se connaissent tous, il y a plus d’épiceries de quartier que de boutiques de souvenirs…
Notre guide, Pietro, a grandi dans ce village. « Quand j’étais petit, la plupart des maisons n’avaient pas de porte d’entrée, juste un rideau. Les enfants habitaient chez les voisins autant que chez eux », se souvient-il.
Un peu plus loin, il pointe du doigt une échoppe où l’on vend des électro-ménagers d’occasion comme des cartes postales kitsch. « Vous voyez cette boutique ? La propriétaire est un peu sorcière, elle tire les cartes… »
Lors de notre visite, la fête de l’anguille se prépare. « C’est un véritable événement pour nous. Vous savez, dans ce village, à part l’anguille et le poisson, tous les produits de consommation courantes devaient être amenés de Ferrare ou d’ailleurs », raconte Pietro. Dans la région, on dénombre pas moins de 48 recettes traditionnelles qui mettent l’anguille à l’honneur : depuis la version marinée jusqu’à l’anguille grillée, le risotto d’anguille ou encore les steaks d’anguille… Il faut savoir faire avec ce que l’on a ! Du coup, dans les restaurants, l’anguille est la star du menu. Au niveau des options végé, c’est assez limité, il faut bien le dire. Mais en Italie, on se débrouille toujours avec des pâtes ou une pizza. 😉
J’aurais aimé passer une nuit à Comacchio. Avoir le temps de visiter le musée Delta Antico qui présente l’histoire de la région, tester l’un des B&B repérés lors de notre promenade, déguster un gelato au bord des canaux… Mais ce sera pour une prochaine fois !
Spiaggia Romea, un resort pas comme les autres
Spiaggia Romea est un village de vacances conforme à l’idée que l’on peut se faire de ce genre d’infrastructure en Italie : des piscines, des terrains de sport, des logements pensés pour les familles, un resto en formule buffet tout inclus, des soirées karaoke et autres animations…
Bref, a priori plutôt loin des promesses de tranquillité et de ressourcement du slow tourisme. Et pourtant, je dois dire que j’ai été agréablement surprise par la face cachée de cet établissement touristique.
Sa particularité ? Les terrains qui l’entourent (et qui appartiennent au propriétaire de l’hôtel) font partie d’une réserve naturelle protégée.
Il y a des années, ces terres étaient à l’abandon et ont été petit à petit restaurées. Aujourd’hui, on peut y voir des taureaux noirs (comme en Camargue) mais aussi des chevaux issus de chevaux de race camarguais qui vivent en totale liberté (quelques-uns sont tout de même sélectionnés et débourrés pour devenir des chevaux de monte pour le manège du resort). Il y a aussi des centaines de daims que l’on aperçoit dès que l’on s’aventure dans la pinède qui borde le domaine.
Pour être tout à fait honnête, Spiaggia Romea n’est pas le genre d’établissement où je choisirais de passer mes vacances. Mais je pense tout de même que la formule peut-être intéressante pour des familles qui veulent concilier détente et découverte de l’environnement du delta.
Balade en bateau dans le Delta
Vous vous en doutez, il y a une panoplie d’activités proposées dans le delta du Pô : safari nature, randonnées à cheval, balades à vélo, sorties accompagnées par un guide nature… Si vous cherchez de l’inspiration, je vous invite à consulter le site de la province de Ferrara ou le site de Po Delta Tourism.
Pour ma part, j’ai pu participer à une sortie en petit bateau plat avec une démonstration des techniques traditionnelles de récolte des palourdes.
Il a fallu un long moment pour arriver au « spot » de pêche. Une fois sur place, notre capitaine, Michele, a revêtu une combinaison en caoutchouc et s’est équipé d’une sorte de râteau en bois au bout duquel était accroché un filet. Debout dans l’eau (vraiment pas profonde à cet endroit), il a gratté le sable jusqu’à déloger une poignée de palourdes, qu’il a ensuite ramené dans son filet (comme une épuisette). « C’est comme ça qu’on récoltait les palourdes, autrefois. Aujourd’hui, bien sûr, les techniques ont évolué », nous explique-t-il.
Après nous les avoir montrées, Michele a rejeté les palourdes dans la lagune (on ne peut les garder que lorsqu’elles ont une taille suffisamment grande et, de toute façon, c’était juste pour la démonstration). J’ai regretté de ne pas pouvoir tester moi aussi la technique et mettre les pieds dans l’eau (c’est ainsi que ça se passe habituellement) mais notre timing était trop serré.
Ce que je retiens de cette expérience, du coup, c’est surtout la beauté et la tranquillité de la lagune à la tombée du jour et les dizaines d’oiseaux que nous avons observés.
En pratique
S’y rendre et s’y déplacer
Pour visiter cette région et en particulier les zones plus sauvages, la voiture s’impose à mon avis. Les villes les plus proches sont Ferrare et Ravenne, toutes deux bien desservies au niveau des trains. Vous pouvez également vous arrêter à Cervia pour voir la partie « salines ».
Où dormir ?
Il y a quelques B&B à Comacchio et aux alentours. Regardez les offres sur Booking.
Le resort Spiaggia Romea peut aussi être un point de chute si le côté « grosse structure » ne vous effraie pas.
Poursuivez le voyage en Émilie-Romagne
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Pour une étape culturelle, la ville de Ravenne est incontournable !