Photos : Karl Delandsheere
Située sur la rive nord du fleuve Saint-Laurent, entre Petite-rivière-Saint-François et l’embouchure du Saguenay, la région de Charlevoix est souvent considérée comme l’une des plus belles (si pas la plus belle) du Québec. Nous y avons clôturé en beauté notre séjour de 2 mois dans la Belle Province. On vous emmène ?
Cet article a été rédigé dans le cadre d’un partenariat avec Tourisme Charlevoix. Comme toujours, nous gardons toute liberté éditoriale sur le contenu présenté.
« Où allez-vous après ? » est sans doute la question qui nous a été le plus posée par nos interlocuteurs québécois, lorsqu’ils apprenaient notre projet de passer au total 2 mois dans leur territoire. Au fil du voyage, nous avons pris l’habitude de réciter plus ou moins automatiquement la longue liste des arrêts prévus. Généralement, notre interlocuteur hochait la tête, ponctuait ça et là notre énumération par des « oooh, c’est beau par là » ou « aah, je n’y suis moi-même jamais allé•e ». Et puis, on terminait par « Charlevoix » et là, quel que soit sa région d’origine, le visage de la personne s’illuminait : « Oh, vous terminez par le plus beau ! » / « Charlevoix, c’est magnifique ! » / « On y mange tellement bien ! »…
Avec tout ça, nos attentes étaient au plus haut lorsque nous avons finalement débarqué du traversier de Tadoussac à Baie-Sainte-Catherine. Nous avions prévu de rester 3 jours dans la région. Finalement, nous avons prolongé à 5, pour profiter un peu plus longtemps de la douceur de vivre de ce territoire. Un bon signe, non ?
À Charlevoix, en résumé, nous avons trouvé du bonheur dans l’assiette, des lieux et des projets inspirants, des personnes passionnées et passionnantes, des paysages à couper le souffle… Et pourtant, nous n’avons fait qu’en effleurer la surface. Dans cet article, je vous invite à découvrir quelques étapes marquantes de ce court séjour. De quoi vous souffler peut-être quelques idées si vous planifiez un voyage dans la région.
Du Pays Basque au Québec
Charlevoix aime se définir comme une destination épicurienne. Et ça, vous l’imaginez, ça nous parle ! Il existe d’ailleurs une route touristique, baptisée Route des Saveurs, qui regroupe notamment des restaurateurs et producteurs de Charlevoix. Gérée par une association régionale sans but lucratif, cette route propose différents arrêts gourmands certifiés pour leur qualité, leur caractère régional, etc.
Parmi ceux-ci, il y a la boulangerie Pains d’Exclamation! à la Malbaie, où nous nous sommes attablés pour casser la croûte avant d’entamer notre exploration de la région. Super fréquentée le midi, cette adresse propose, outre ses pains, de délicieuses salades, quiches, soupes… On a opté pour un grill cheese au fromage de Charlevoix. Les pains y sont réalisés au levain, sans améliorant et avec des farines locales. Une jolie terrasse en bois permet de déguster son repas au soleil, lorsque le temps le permet.
Une fois notre dîner englouti, nous avons pris la route vers la campagne pour rencontrer Didier Luberriaga à la Chèvrerie de Charlevoix. Dès notre arrivée, près de 200 chèvres en liberté viennent à la rencontre de notre voiture. Pas de doute, nous sommes à la bonne adresse !
Didier nous accueille avec un accent qui respire le soleil et le chant des cigales. En 2010, Didier et son épouse, Stéphanie, ont élu domicile au Québec avec une idée : élever des chèvres et produire du fromage de tradition basque au Québec. « Après de multiples expériences professionnelles, notamment dans la garde rapprochée, j’ai finalement décidé de travailler avec les bêtes. Et c’est très très bien ! », nous confie Didier.
Parmi les fromages produits à la Chèvrerie de Charlevoix, on retrouve notamment de délicieux fromages à croûte brûlée de tradition basque qui, ici, sont produits avec du lait de chèvre au lieu du lait de vache employé traditionnellement. Un petit mot d’explication sur la croûte brûlée si, comme moi, vous ne connaissiez pas cette technique : brûler la croute permet en fait de faire remonter les matières grasses du fromage et de créer une pellicule protectrice naturelle. À l’origine, on posait tout simplement le fromage au bord de la cheminée. Aujourd’hui, la croûte est brûlée au chalumeau.
Ce qui nous a plu dans le projet de Didier et Stéphanie, c’est leur démarche slow et leur attachement à leurs bêtes. Les biquettes, qui gambadent librement, se nourrissent de ce qu’elles trouvent dans les 53 hectares de la ferme : de l’herbe, des fruits sauvages… Lors de notre passage, une récolte de fonds était organisée pour sauver Canaille (toutes les chèvres ont un nom !), une chèvre qui devait subir une opération suite à une mise bas difficile. « Elle ne produira plus de lait mais nous ne voulons pas l’envoyer à l’abattoir », était-il écrit sur l’affiche. Pour l’anecdote, la collecte de fonds a fonctionné et Canaille se rétablit. 🙂
Terres brûlées
Nous quittons les chèvres et les fromages à croûte brûlée pour découvrir… des terres brûlées en guérison au Parc National des Grands Jardins. Dans les années 90, deux incendies ont ravagé pas moins de 30% de ce parc de 310 km2. En résultent des paysages tout à fait particuliers où la nature reprend petit à petit ses droits. Contrairement à ce que l’on pourrait penser, ces zones ne sont pas « mortes » et abritent une faune et une flore spécifiques.
Une autre particularité du parc, c’est qu’il abrite un milieu de taïga, peu habituel à cette latitude (normalement, c’est 500 km plus haut !), ce qui lui vaut le surnom d’îlot du Grand Nord québécois. C’est grâce à cela que l’on y retrouve notamment des caribous. Malheureusement, nous n’avons pas eu l’occasion d’en observer lors de ce voyage.
Ce que nous avons eu l’occasion de bien observer, par contre, c’est l’astroblème de Charlevoix. En d’autres mots, le cratère laissé par l’impact d’une météorite il y a environ 500 millions d’années. Et si nous avons pu aussi bien l’observer, c’est parce que nous avons mis notre vertige de côté pour vivre une expérience mémorable de Via Ferrata. Si vous êtes moins tenté•e par ce genre d’aventure, sachez qu’il est également possible de randonner jusqu’au Mont du Lac-des-Cygnes (980 mètres d’altitude) qui offre un panorama époustouflant sur l’astroblème.
Par ailleurs, un parcours de 4 heures aller-retour permet d’explorer le trajet du lac Arthabaska jusqu’au barrage de Wabano et d’observer plein d’animaux en chemin. On n’a pas eu l’occasion de le tester mais une simple sortie d’une heure en stand-up paddle (pour moi) et kayak (pour Karl) sur le lac nous a permis d’observer des castors (visiblement pas très contents de nous voir envahir leur territoire mais c’est une autre histoire ahahah).
Pour profiter à fond de cette immersion en pleine nature, on vous recommande de passer une nuit sur place. Avec votre tente ou, si vous n’en avez pas, en prêt-à-camper tout équipé. À mi-chemin entre le chalet et la tente, ces hébergements permettent de profiter d’une nuit en plein coeur du parc tout en disposant d’un certain confort. Ils disposent de tout l’équipement pour cuisiner, de chauffage et de lits. On a beaucoup apprécié l’expérience !
Maison Mère
Après avoir goûté au charme des espaces sauvages de Charlevoix, nous avons mis le cap sur Baie-Saint-Paul, mignonne petite ville pleine de vie, de boutiques et d’ateliers d’artiste sur les rives de la rivière du Gouffre (qui se jette à deux pas de la ville dans le Saint-Laurent).
Un projet pas comme les autres est né dans cette ville : Maison Mère. Un ancien couvent, qui abritait la communauté des Petites Franciscaines de Marie, a été converti en espace multi-fonctionnel où cohabitent diverses entreprises et associations réunies par un même goût de l’innovation durable et de la création.
Dans ce bâtiment aux alllures de labyrinthe un peu vieillot, on retrouve :
- un très beau musée sur les Petites Franciscaines de Marie
- un espace de coworking
- les bureaux d’entrepreneurs et de petites entreprises
- le Mousse Café, un lieu ultra-convivial et design où l’on peut jouer à des jeux de société en dégustant son cappuccino
- ou encore… une auberge de jeunesse, l’Auberge des Balcons.
Nous devions passer une nuit dans ce lieu mais finalement, séduits par le concept, nous avons prolongé à 3 !
Et pourtant, en arrivant sur les lieux, le bâtiment m’a plutôt déconcertée de premier abord : des allures d’internat ou de bâtiment d’administration, un côté austère et plutôt vieillot… En suivant les indications, nous sommes finalement parvenus à trouver notre chemin dans ce véritable labyrinthe pour nous présenter à l’accueil de l’Auberge des Balcons. Lydia, qui nous attendait, s’est aussitôt empressée de nous faire visiter les lieux. Et là, nous sommes allés de surprise en surprise ! Les chambres aménagées dans les anciennes chambres d’hôpital des sœurs, les salles de bain qui ont gardé leur cachet vintage, un ancien salon de coiffure des soeurs, resté tel quel, un passage mystérieux dans le grenier, juste au-dessus de la voûte de la chapelle…
Le lieu regorge tellement de coins secrets que l’Auberge des Balcons y a organisé une sorte de Cluedo grandeur nature à l’occasion d’Halloween (j’ose à peine imaginer !). Et ce n’est d’ailleurs pas la seule activité qu’ils organisent : concerts, projections de films, jam session font vivre les lieux tout au long de l’année. La plupart des activités sont organisées dans une petite chapelle qui, le reste du temps, sert d’espace détente pour les occupants de l’auberge (on peut notamment y visionner… des cassettes vidéo :-D).
Le lendemain de notre arrivée, une visite du musée nous a permis d’en apprendre davantage sur les Petites Franciscaines de Marie, une congrégation de femmes arrivées en 1891 à Charlevoix à la demande du curé de Baie-Saint-Paul, Ambroise Fafard. Ce dernier avait créé un hospice pour y soulager toutes les formes de misère. Les Petites Franciscaines ont notamment accueilli les orphelins, aidé les nécessiteux, etc.
Le long du parcours muséal, on découvre la vie quotidienne de ces femmes qui ont dédié leur vie à cette cause. Je me souviens en particulier de la pièce dédiée à la couture, où les sœurs confectionnaient l’ensemble de leurs vêtements et même, leurs chaussures !
Mais le clou de la visite, c’est sans aucun doute la magnifique Chapelle qui se trouve encore au sein du bâtiment. Comment imaginer qu’un tel espace se trouve dans un bâtiment d’apparence aussi banale ?
Vous l’aurez compris, nous avons vraiment été marqué par notre séjour à l’Auberge des Balcons et nous ne pouvons que vous recommander chaleureusement d’y passer un peu de temps si vous voyagez du côté de Charlevoix. Cela en vaut vraiment la peine et en plus, les prix sont tout à fait démocratiques ! Le dortoir 2 personnes (avec un lit superposé), par exemple, est à partir de 27,81 $ par personne par nuit.
Ah la vache !
On dirait bien que le fromage attire les expats’ à Charlevoix. Après avoir rencontré un Basque producteur de fromage de chèvre, nous avons rencontré Nicola, un Suisse qui a quitté son Valais natal initier les Québécois à l’art de la raclette et de la fondue ! Et le succès est au rendez-vous : la petite salle et la terrasse (18 places au total) ne désemplissent pas, même en été. Comme c’est de coutume au Québec, on apporte son vin. Pour le reste, Nicola et son épouse s’occupent de tout !
Dans l’assiette (et le caquelon), du fromage suisse bien sûr mais aussi des produits du terroir de Charlevoix (notre éleveur de chèvres basque est d’ailleurs l’un des fournisseurs réguliers du resto). On peut vous assurer qu’on se régale et qu’on ne reste pas sur sa faim !
Mais ce qui nous a séduit autant que la générosité de la cuisine, c’est l’ambiance exceptionnelle des lieux ! Il n’a pas fallu 15 minutes pour que nous entamions la discussion avec les occupants des tables voisines. Pour les Québécois autour de nous, manger de la fondue était une expérience insolite et propice aux éclats de rire. Je dois vous avouer que la soirée a été bien arrosée (surtout que Nicola a été très généreux sur les digestifs) et que nous en gardons un souvenir assez flou mais tout de même mémorable !
Bref, si vous en avez l’occasion, n’hésitez pas à réserver une table chez « Ah la vache !« . Certes, ce n’est de la cuisine québécoise mais on vous promet une soirée inoubliable.
En pratique
Comptez entre 4 et 5 heures de route pour rejoindre Baie-Saint-Paul ou la Malbaie depuis Montréal. Un peu plus d’une heure depuis Québec. Si vous visitez Tadoussac, vous pouvez emprunter un traversier gratuit qui vous emmène directement à Baie Sainte-Catherine, de l’autre côté du fjörd de Saguenay.
Nous n’avons vu qu’une toute petite partie de Charlevoix, il nous aurait fallu bien plus de temps pour parcourir l’ensemble du territoire. On aurait notamment voulu visiter l’Isle-aux-Coudres avec ses moulins à vent et ses petits producteurs. Ou passer plus de temps dans le village ultra-mignon de Port-au-Persil (la photo de couverture de cet article, c’est là ! ). Ce sera pour une prochaine fois ! Pour vous inspirez, n’hésitez pas à consulter le site de Tourisme Charlevoix.
Poursuivez le voyage au Québec
- Découvrez notre itinéraire de road trip au Québec de microbrasserie en microbrasserie
- On vous raconte ce que ça fait de tester la Via Ferrata quand on a le vertige
- Dans le même registre que Maison Mère, nous avons recommandons une visite au Monastère des Augustines à Québec.