Fouler les pavés du Long Marché à l’ombre de l’immense église Sainte-Marie de la ville portuaire de Gdańsk ; revivre l’histoire des chevaliers teutoniques en parcourant les couloirs de la plus grande forteresse gothique d’Europe ; enfin, voguer du fleuve de la Vistule à la mer baltique, les cheveux aux vents sur un voilier… ça vous tente ?
C’est l’itinéraire de 4 jours que je vous propose de suivre à la découverte de la Poméranie, cette région côtière partagée par la Pologne et l’Allemagne située au sud de la mer Baltique. Du port de Gdynia à la magnifique ville de Gdańsk, en passant par Sopot, surnommée le St-Tropez du nord … partez en récit et en images dans « la Tricité » !
[Cet article a été rédigé dans le cadre d’un partenariat avec l’Office Polonais du Tourisme. Comme toujours, nous gardons toute liberté éditoriale sur le contenu et notre enthousiasme est sincère]
Jour 1 : la ville portuaire de Gdańsk
Le début de ce périple de 4 jours dans la voïvodie de Poméranie (l’une des 16 régions administratives de la Pologne) nous emmène à Gdańsk (son chef-lieu), la plus grande ville portuaire de Pologne mais aussi la capitale mondiale de l’ambre.
Le long du fleuve de la Motlawa qui traverse la ville, des façades bigarrées anciennes côtoient de nouvelles constructions modernes faites de verres et d’acier. L’architecture de Gdańsk rappelle les maisons flamandes d’Amsterdam mais s’inspire en réalité des anciens greniers dans lesquels commerçants vikings et allemands de cet ancien bourg de pêcheurs (datant du 7e siècle) stockaient leurs grains.
Le saviez-vous ? Après la seconde guerre mondiale, la belle ville de Gdańsk est quasi entièrement détruite. La majorité des façades de style « greniers à grain » que l’on peut admirer aujourd’hui ont été le fruit d’une reconstruction. Dans l’après-guerre, des bâtiments au style architectural soviétique (aux murs blancs cassés) apparaissent. La ville est aujourd’hui un mélange entre style ancien (repeint de toutes les couleurs pour s’opposer au souvenir de l’époque communiste), style soviétique et style contemporain avec l’apparition de grattes-ciels vitrés.
Le long du quai, à quelques pas du port de la ville, un énorme paquebot est parqué : le SS Soldek. Datant de 1945, cet ancien navire polonais destiné au transport de minerai de fer, fut le premier navire de haute mer construit dans les chantiers navals de Gdańsk après la Seconde Guerre mondiale. Transformé en navire musée, il est désormais amarré devant « La Zuraw » de Gdańsk, une ancienne grue portuaire médiévale (que l’on dit dater de 1450) qui permettait autrefois d’assembler les mâts sur les bateaux.
Ce soir là, le soleil couchant de mai est bas et ses lumières orangées se répercutent en cascade sur les briques oranges des anciennes bâtisses de style gothique. Nous nous aventurons dans la plus somptueuse partie de la ville : le Long Marché. La statue de Neptune (Fontanna Neptuna) datant de 1633 et symbole du lien entre Gdańsk et la mer, trône à l’ombre de l’imposante église Sainte-Marie en briques de style gothique.
Un peu plus loin, nous parcourons le reste de l’avenue dont les pavés lissés par le temps racontent une toute autre histoire : celle de la ville libre de Dantzig (comme elle fut appelée autrefois), retirée à l’Allemagne après le traité de Versailles de 1919, et sur laquelle les troupes nazis marchèrent en premier au début de la guerre (le 1er septembre 1939) tout simplement parce qu’habitée par une majorité d’individus d’origine Allemande (95 % de germanophones au recensement de 1923, contre 4 % de Polonais). Hitler pensait rencontrer peu de résistance.
Jour 2 : du château fortifié de Malbork aux rives de la Vistule
Au 2ème jour de ce citytrip en Pologne, nous prenons le train depuis la magnifique gare de Gdańsk, direction la plus grande forteresse gothique d’Europe, j’ai nommé le château fortifié de Malbork (Marienburg en allemand).
Le saviez-vous ? En Pologne, on trouve encore d’anciens trains à compartiments qui s’ouvrent toujours mécaniquement. L’espace d’un instant, je me suis d’ailleurs sentie comme Anastasia dans sa traversée de l’Europe !
Fondée en 1274 (puis en construction permanente pendant près de 230 ans) sur la rive droite de la rivière Nogat (l’un des bras de la Vistule) par les chevaliers teutoniques, la forteresse de Malbork et son musée sont inscrits sur la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO.
De pont-levis en cours intérieures, de couloirs sombres en portes dérobées, nous découvrons les méandres de cette magnifique forteresse (composée de trois châteaux imbriqués les uns dans les autres) et dont les histoires de chevaliers, de templiers et de croisades me font rêver !
Dans la partie moyenne et haute du château (qui servait de monastère principal au Couvent teutonique de Prusse), une magnifique chapelle conventuelle s’élève : l’église de la Vierge Marie.
Après une montée de marche interminable, nous arrivons au sommet de la plus haute tour du domaine où la vue sur les alentours est imprenable.
Il est midi lorsque nous traversons le pont qui sépare la forteresse de style « gothique de brique » de Malbork (typique de l’influence des villes hanséatiques allemandes), direction l’autre rive du Nogat où un bateau de la compagne Vistula Cruises nous attend.
Nous dégustons un délicieux plateau repas aux saveurs bien polonaises (préparez-vous car vous trouverez toujours du chou, à toutes les sauces, dans votre assiette !) et trinquons à la vodka Zubrowka (une vodka polonaise à l’herbe de bison). Na zdrowie (santé 😀 !).
Sur les eaux calmes de la Nogat (une rivière de Pologne et un défluent de la Vistule), nous profitons du soleil tandis qu’au loin, l’orage gronde. La faune et la flore aux abords du fleuve est riche et sublime et nous profitons autant de l’envol des oiseaux que des paysages.
Deux écluses et quelques litres de vodka plus tard, nous arrivons enfin sur la Vistule (en polonais : Wisła / en anglais : Vistula), le principal fleuve polonais qui prend sa source à 1 106 m d’altitude (en haute Silésie) et parcourt 1 047 km à travers la Pologne avant de se jeter dans la mer Baltique.
Jour 3 : de Gdynia à Sopot sur la mer baltique
Au matin de notre 3ème jour, nous nous rendons au port de Gdynia où un magnifique voilier doit nous emmener admirer la Tri-City Sailing Cup, une course de voiliers qui prend place sur la mer Baltique.
Le saviez-vous ? Il fut un temps, la mer Baltique était infestée de … corsaires ! À la différence des pirates, les corsaires étaient payés par le roi pour attaquer les bateaux ennemis. À une époque où l’ancienne Pologne était en guerre maritime avec l’Angleterre, un tableau célèbre (« le Jugement Dernier » de Hans Memling, un artiste néerlandais) fut volé lors d’un pillage par le fameux corsaire de Gdańsk : Paul Benecke.
Le triptyque considéré comme l’aboutissement de l’art de Memling, est l’un des objets les plus précieux du Musée National à Gdańsk. On peut en admirer une copie à la Basilique Notre-Dame de Gdańsk où fut tout d’abord exposé l’original offert à l’église.
Le temps est au beau fixe et sur le voilier, l’ambiance est bon enfant. Nous croisons un « navire allié » à qui notre « capitaine » jette une miche de pain. Je prends un moment la barre et nous longeons les 50km de plages qui relient « les Tricités » : du port de Gdynia à Gdańsk, en passant par Sopot où nous mettons pieds à terre.
Surnommée le St-Tropez du nord, la ville de Sopot est une station balnéaire huppée dont le célèbre Grand Hotel (datant de 1927) a accueillit de nombreux politiciens célèbres et stars de la jet set. Depuis le port, nous relions le centre de la ville via une immense jetée en bois (appelée Molo) la plus longue d’Europe (515,5 mètres de long).
Sur la plage, des cygnes apprivoisés se laissent approcher en échange de nourriture. La Baltique est le seul endroit où on peut apercevoir ces oiseaux se baignant dans la mer ! Malheureusement, la pollution est aussi au rendez-vous.
De ce qu’il s’en dit, les limites de la ville de Sopot vont de la grande jetée en bois qui relie le port à la plage, au bout de la rue Monte Cassino. Cela ne nous a pas empêchés de nous aventurer « en dehors de la ville » et de dégoter un superbe petit café (le café Zaścianek) à la décoration et l’ambiance bien polonaise.
Ce soir là, nous dégustons du poisson issu d’une pêche journalière et locale dans un petit restaurant en bordure de plage (le restaurant Bulaj), dissimulé dans les dunes de Sopot. Le repas est un délice et la vue fantastique !
Jour 4 : visite du Centre de la Solidarité Européenne
Au dernier jour de ce voyage, nous nous rendons au Centre de la Solidarité Européenne, inauguré en 2014 dans le quartier de l’ancien chantier naval de Gdańsk, berceau de la révolution de 1980 et du syndicat indépendant Solidarnosc (qui signifie « Solidarité » en Polonais).
Le saviez-vous ? L’architecture du bâtiment fut initialement controversée car pour les constructeurs de bateau, la rouille n’apparaît pas si le bateau est construit assez vite. La surface de l’édifice en métal rouillé représente donc pour eux la chute du chantier naval (et non le symbole de son élévation).
À la fin de la seconde guerre mondiale, la Pologne est entre les mains de la République Populaire de Pologne, un régime marxiste-léniniste appartenant aux régimes de « démocraties populaires » politiquement alignés sur l’URSS au sein du bloc de l’Est.
La situation économique polonaise est alors au plus mal et en décembre 1970, une augmentation brusque des prix des denrées de base entraîne une vague de grèves et d’émeutes brutales. À Gdańsk, Gdynia et Szczecin des foules d’ouvriers prennent d’assaut les sièges du Parti communiste. Des dizaines de personnes sont alors tuées dans la répression mise en œuvre par la police et la Milice.
La situation économique continue de s’aggraver et 10 ans plus tard, à l’été 1980, une nouvelle série de grèves se déclenche. Le 14 août 1980, le chantier naval de Gdańsk se met en grève. Rapidement, toutes les usines et travailleurs de Pologne rejoignent la protestation. Le parti craignant la paralysie et le chaos, entame pour la première fois des négociations.
Le 31 août, l’accord de Gdańsk est signé et le syndicat indépendant Solidarność voit officiellement le jour (sous la direction de Lech Wałęsa). Pour la première fois dans un pays sous domination soviétique, des syndicats libres sont autorisés !
C’est ici que s’achève ce citytrip de 4 jours à la découverte des Tricités de Poméranie. La Pologne, avant ce blogtrip, je ne la connaissais pas. Depuis, j’en suis littéralement tombée amoureuse !
Et vous, la Pologne, vous la connaissez déjà ?
La Poméranie et la Pologne : en pratique
Vous habitez en Belgique et souhaitez voyager en Pologne ? N’hésitez pas à vous adresser à l’Office Polonais du Tourisme situé Avenue de la Renaissance 20 (boite 25) à 1000 Bruxelles.
Comment se rendre en Poméranie ?
L’aéroport de Gdańsk est desservi par plusieurs compagnies aériennes. Cherchez un billet d’avion sur Skyscanner
Où manger à Gdańsk ?
En Poméranie, vous l’aurez deviné, le poisson est à l’honneur !
On lunche en terrasse, le long des quais de la Motlawa, au restaurant Kubicki. Un moment non seulement très agréable au soleil, mais aussi un repas 3 services gastronomique abordable et succulent.
On déguste un délicieux poisson préparé par des passionnés dans un style gastronomique et moderne au restaurant Zafishowani.
On soupe au couché du soleil, en musique et avec une vue imprenable sur le port, au restaurant Szafarnia 10.
Où loger à Gdańsk ?
L’hôtel Sadova est un établissement 4 étoiles situé à quelques pas à peine du centre-ville de Gdańsk. Pourvu d’un espace Wellness, d’un restaurant (où j’ai pris chaque matin un petit-déjeuner en buffet, délicieux et varié) et d’un bar, cet hôtel offre toutes les commodités. Pour ne rien gâcher, j’ai trouvé la chambre (comme le reste) confortable et sa décoration sublime !
Si votre budget est limité, sachez que vous pouvez dormir en auberge de jeunesse pour moins de 20 € par nuit ou trouver des chambres à prix très réduit sur Booking.
Comment payer en Pologne ?
La Pologne a beau avoir adhéré à l’union européenne en 2004, sa monnaie nationale est restée le Zloty. 1 zloty équivaut à 0,23 euros. Sur place, on vous demandera donc souvent de payer par carte (vous n’aurez aucun frais à payer) car les commerçants ont beaucoup de mal à vous rendre la monnaie ;-). Pour plus de conseils, jetez un oeil à l’article d’Elise sur comment payer en voyage.