Si Bali porte le doux surnom d’île des dieux, les Balinais considèrent que Nusa Penida, sa voisine, est le repère de démons. L’image que nous en gardons est pourtant bien plus proche du paradis que de l’enfer. On vous emmène ?
Attention, cet article a été écrit suite à un voyage réalisé en 2015. Depuis lors, pas mal de choses ont évolué et Nusa Penida est devenue bien plus touristique. Cela n’en reste pas moins une très belle destination si vous voulez découvrir un autre aspect de Bali.
Quand je repense aujourd’hui à Nusa Penida,
- je revois de petites routes escarpées, quasi désertes, parfois difficiles à gravir à deux sur un scooter où l’on se fait allègrement dépasser par des écoliers qui ont passé leur vie sur 2 roues
- je revois le bleu turquoise de l’océan indien qui s’étend à l’infini, parsemé d’embarcations traditionnelles
- je revois un temple mystérieux niché au coeur d’une grotte qui semble tout droit sorti d’un autre monde
- je revois la majesté des raies manta qui semblent voler dans l’océan
- je sens l’odeur forte des algues qui sèchent au soleil et le délicieux fumet de grillades de poulpe et de crevettes
- j’entends les enfants qui crient « Hello, hello!!! » quand nous traversons les villages
Notre séjour d’une nuit et 2 jours à Nusa Penida s’est écoulé comme un rêve. Et s’il n’y avait pas quelques photos et vidéos pour me prouver que tout cela était bien réel, j’aurais presque l’impression que mon imagination me joue un joli tour.
Un éclat du Bali d’avant
Si l’on en croit les souvenirs de quelques habitués, il y a 20 ans, Bali était encore une destination épargnée par le tourisme de masse. Aujourd’hui, si vous cherchez solitude et dépaysement, mieux vaut choisir un autre point de chute. Surfeurs, yogis, expats, hippies, accros au wellness, amoureux en voyage de noces, digital nomads, familles en quête de soleil… Tout ce bon monde se retrouve à Bali, et l’infrastructure pour les accueillir se développe à toute vitesse. Ce n’est pas forcément négatif, nous y avons passé un excellent séjour qui nous a laissé des images plein la tête, mais force est de constater que le Bali d’aujourd’hui évolue à une vitesse folle et s’éloigne de plus en plus de son identité originelle.
Les voyageurs en quête d’authenticité lui préfèrent d’ailleurs bien souvent d’autres îles indonésiennes comme Sulawesi ou Lombok, qui sont par ailleurs très différentes puisqu’elles ne partagent pas du tout la même culture. Il semblerait pourtant qu’un petit éclat du Bali d’avant survive encore sur 3 petites îles situées à quelques dizaines de kilomètres au sud-est de ses côtes. La plus grande d’entre elles s’appelle Nusa Penida.
Se rendre à Nusa Penida, c’est déjà l’aventure
Pour parvenir sur Nusa Penida, il faut se mouiller ! L’option la plus rapide est le speed boat qui fait la liaison entre l’île et Sanur mais pour embarquer à bord… il faut parcourir plusieurs mètres dans l’eau, pantalon relevé et sacs au-dessus de la tête. Ne vous étonnez pas si des bruits bizarres parviennent à vos oreilles au cours de la traversée, le bateau transporte fréquemment poulets, coqs ou autres animaux de basse-cour en plus des humains.
Une fois débarqué sur la plage, vous louez un scooter pour quelques dollars aux locaux qui attendent les visiteurs. On ne vous demande aucun permis de conduire ou pièce d’identité… et ne comptez pas bénéficier d’une assurance ! On convient juste d’une durée de location. Au retour, vous laisserez simplement votre scooter sur la plage, les clés sur le contact. Pourquoi faire compliqué quand on peut faire simple ?
Une fois votre bolide (hum!) en main, à vous la liberté ! Si l’infrastructure touristique de l’île est encore peu développée (actuellement 6 hôtels sur l’île si je compte bien), on trouve de véritables pépites aux détours des routes et le dépaysement est toujours au rendez-vous.
Les diables des mers
Grâce aux recommandations de notre ami Maëlle, qui vit à Bali, nous avions une idée bien précise de ce que nous voulions faire sur l’île pendant les deux journées de notre séjour. L’incontournable si vous aimez le snorkeling (ou randonnée palmée), c’est d’aller observer les raies manta dans leur milieu naturel.
Là encore, on ne s’embarrasse pas de formalités. Nous nous sommes tout simplement rendus sur la plage de Crystal Bay et nous avons négocié une sortie en mer pour le lendemain matin avec les pêcheurs sur place, qui loue par ailleurs palmes et tubas pour les ceux qui veulent s’essayer librement au snorkeling.
Lors de la sortie en mer, on vous prête masque, tuba et palmes et on vous emmène en bateau dans 3 à 4 spots d’observation des raies manta pour un prix modique. Si la chance est avec vous, vous avez l’opportunité d’observer le magnifique balet de ces grands poissons qui peuvent mesurer jusqu’à 7 mètres d’envergure et sont surnommés… les diables des mers ! Une expérience réellement magique qui reste l’un de mes plus beaux souvenirs de voyage à ce jour !
Comme nous étions assez tôt sur place (rendez-vous à 8h sur la plage pour le départ), nous étions pratiquement seuls à observer les raies manta dans cette zone. Plus tard, des bateaux chargés de touristes venus de Bali nous ont rejoint et nous avons préféré céder notre place, désolés de voir plusieurs plongeurs encercler les raies sans considération pour le stress occasionné.
Expérience mystique
Autre immanquable, la visite de Goa Giri Putri, un temple vraiment pas comme les autres. Sa particularité est d’être situé à l’intérieur d’une grotte à laquelle on accède par un passage étroit qui ne laisse en rien présager de sa taille monumentale. Lorsque nous l’avons visité, une cérémonie s’y déroulait. Après avoir gravi le long escalier menant à l’extérieur du temple, des prêtres (?) nous ont vêtu d’un sarung, signifié par gestes comment laisser une offrande en monnaie sonnante et trébuchante et emmené via un passage étroit à l’intérieur du temple.
Je m’attendais à déboucher dans une petite grotte ornée de quelques statues et chargée de l’odeur d’encens mais c’est une véritable cathédrale souterraine qui s’est dévoilée à nous ! Explorer ce temple mystérieux au son des tambours et des accords étranges de la musique sacrée hindouiste était comme pénétrer dans une autre dimension. À ce jour, il me suffit de fermer les yeux et d’y repenser pour ré-entendre cette musique entêtante et plonger dans cette ambiance mystique.
Cuisine locale sans chichi
« Tu dois aller manger au jungle warung ! » m’avait répété plusieurs fois Maëlle avant le départ. Je n’ai jamais été déçue par ses conseils en matière de restaurants locaux et nous avons donc suivi les petits panneaux de bois vers cet endroit dont nous avions tant entendu parler. La route est bientôt devenue un chemin étroit, au beau milieu des champs, et nous avons dû abandonner le scooter à quelques centaines de mètres de l’arrivée… Enfin, nous sommes arrivés au fameux warung : quelques tables dressées à côté des maisons de paysans, sous un toit de paille… Dans une petite cage en osier, un coq de combat nous observait.
Pas de carte dans ce resto : on vous propose de déguster la pêche du jour, grillée au barbecue et accompagnée d’une délicieuse sauce balinaise (mélange d’échalotes, de noix de coco et de piment). N’y aller que si vous avez le temps d’en profiter. Tout est préparé sur le moment et votre patience sera récompensée par des saveurs incomparables.
Autre établissement qui vaut la peine de s’arrêter pour manger un bout ou juste boire un verre : le Warung Pondok, on s’y installe les pieds dans le sable avec une vue imprenable sur l’océan.
En pratique
Vous l’aurez compris, nous avons adoré Nusa Penida et nous vous recommandons chaleureusement d’aller y faire une pause à l’écart du monde quelques jours. On espère que l’île restera encore longtemps aussi préservée mais malheureusement, on en doute, vu le nombre de villas de luxe en construction lors de notre séjour.
Y aller
Nous avons pris un speed-boat depuis la plage de Sanur et nous avons payé 750 000 roupies A/R pour 2 (soit environ 50 €). On nous a clairement fait payer cher notre statut de touriste mais toute négociation s’est avérée impossible. 😉
Se déplacer
Si vous maîtrisez la conduite du scooter, c’est le moyen idéal de découvrir l’île. Sinon, les hôtels organisent des transferts. La location du scooter pour 2 jours nous a coûté environ 10 € (150 000 roupies).
Logement
Logement
On vous recommande de passer minimum 1 nuit sur place, histoire de bien profiter. Si l’absence d’infrastructure touristique et le choix limité en termes de restos etc. ne vous fait pas peur, n’hésitez pas à y passer quelques jours.
Nous avons logé au Coco Resort qui venait alors tout juste d’ouvrir ses portes. Les bungalows étaient superbes et très confortables. Le prix était de 39 $ la nuit.
Un autre hébergement sympa recommandé par nos amis : Namaste Bungalows. Il affichait complet lors de notre séjour 😊
Activités
Snorkeling et observation de raies manta, visites de temple, plongée pour tenter de croiser le fameux Sunfish (ou poisson lune en français), le plus gros poisson du monde, randonnée…
Renseignez-vous directement auprès des pêcheurs pour des prix imbattables. Vous pouvez également demander à votre hôtel de vous renseigner (mais en général c’est plus cher).
Restaurants
Jungle Warung
Pour de délicieuses grillades de poissons et autres produits de la mer. Ouvert à midi et le soir. On vous conseille d’y aller à midi, les routes ne sont pas éclairées la nuit à Nusa Penida 😀
Warung Pondok
Pour un lunch avec une vue magnifique !
Pas visible sur Google Maps mais il y a quelques avis sur TripAdvisor.
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