Si quand on vous dit « fruit » vous pensez fraîcheur, douceur, sucré, acidulé, etc., vous n’avez probablement pas encore rencontré celui qu’on appelle le Roi des fruits : le durian.
Durian ? Kezako ?
Le durian ressemble à un ballon de rugby vert, couvert d’épines. Il peut peser jusqu’à 5 kilos et pousse en haut de grands arbres (inutiles de vous dire qu’il vaut mieux ne pas faire la sieste sous ces arbres, apparemment ça a déjà coûté la vie à quelques personnes !). Il est originaire d’Asie du Sud Est.
Un parfum indescriptible
Mais la manière la plus efficace d’identifier ce fruit n’est pas son apparence externe : votre odorat détectera immanquablement sa présence. Une odeur que certains associent au camembert, voire aux égouts ou encore même à de la charogne en décomposition.
Richard Sterling, food & travel writer américain, le décrit de manière très colorée en ces termes :
… son odeur peut être décrite comme celle des excréments de porc, de térébenthine et d’oignons, le tout garni par une vieille chaussette.
Un peu exagéré peut-être ? Mmm je ne dirais pas ça. Avant mon voyage en Thaïlande, je m’étais comme de coutume pas mal documentée sur la gastronomie locale et j’avais lu pas mal de commentaires sur le sujet. Je peux vous dire que la première fois que je suis passée à proximité d’un stand sur lequel s’empilait ces fruits, je les ai identifiés sans le moindre doute ! Ce stand était situé à quelques centaine de mètres de notre guesthouse et nous avons vite pris l’habitude de nous boucher le nez lorsque nous passions à proximité !
Et le goût alors ?
J’ai honte de l’avouer mais l’odeur me laissant déjà nauséeuse (et comme il faisait une chaleur écrasante, elle était bien amplifiée !), je n’ai pas eu le courage de goûter le fruit moi-même. Je le regrette aujourd’hui car j’aurais voulu me faire ma propre idée ! Je me suis d’ailleurs promis de rectifier le tir lors de mon prochain voyage dans cette région (édit du 05/03/2016 : je n’ai pas non plus trouvé le courage lors de notre second séjour à Bangkok !).
Heureusement, d’autres ont eu ce courage… Le chef Anthony Bourdain raconte :
… son goût et sa saveur ne peuvent être décrits que par le qualificatif…d’indescriptible… Votre haleine ressemblera à celle que vous auriez si vous aviez embrassé intensément votre grand-mère morte depuis des lustres.
Mmm bon ! Pas très convaincant ! Heureusement que l’on peut compter sur la description plus complète rédigée en 1856 par le naturaliste Alfred Russel Wallace, alors en voyage à Bornéo :
Les cinq quartiers du fruit sont d’un blanc soyeux au dedans, et sont constitués d’une texture à la pulpe ferme de couleur crème, contenant trois noyaux chacun. Il y a parfois des apparitions occasionnelles d’une saveur qui rappelle une crème au fromage, une sauce à l’oignon, du xérès et d’autres plats aux saveurs choquantes. Il y a une substance visqueuse dans la pulpe. La chair est acide, et non sucrée ou juteuse. Le durian peut produire nausée et autres mauvais effets.
Bon, ça a le mérite d’éveiller la curiosité ! En tout cas, il y en a qui raffolent de ce fruit, notamment les Chinois (la Chine en importe plus de 60 000 tonnes chaque année). Dans le recueil « A moveable Feast », édité par Lonely Planet, une nouvelle intitulée « Long live the King! » raconte comment un voyageur découvre l’existence du durian après s’être demandé pendant des jours d’où venait l’odeur nauséabonde qu’il avait détectée à plusieurs reprises. L’auteur (John T. Newman) décrit aussi l’avidité avec laquelle des locaux dévorent le fruit que lui et ses compagnons de voyage ont délaissé après en avoir goûté un petit morceau, aussitôt recraché.
Le fruit défendu
Si les Asiatiques peuvent apprécier à sa juste valeur la saveur de ce fruit, il n’empêche que l’odeur est universellement reconnue comme une source d’inconfort. Au point que ce fruit est interdit dans certains hôtels, transports et lieux publics.
Après avoir repéré un panneau « durian interdit » dans notre guesthouse de Chiang Mai, nous avons interrogé la réceptionniste sur la raison de cette interdiction. Elle nous a raconté qu’une famille de Chinois avait un jour ramené ce fruit dans leur chambre. Bien que les restes du fruit aient été évacués, la chambre nettoyée et bien aérée, il a fallu plus d’une semaine avant qu’ils puissent à nouveau la mettre en service !
A goûter malgré tout ?
Le durian mérite-t-il son titre de Roi des fruits ? Je ne sais pas. Mais en tout cas, c’est un monarque capricieux qui ne cherche pas à plaire et ne laisse personne indifférent !
Je me suis fait la promesse de goûter ce fruit lors de mon prochain voyage en Asie. Si le courage me manque, j’essaierai peut-être de me familiariser au goût en dégustant une glace ou un dessert au parfum de durian…
Le mot de la fin revient à ce cher Alfred Russel Wallace :
En fait, manger du durian est une nouvelle sensation, très désagréable, mais qui vaut à elle-même un voyage en Orient, tant ce fruit est unique et particulier.
A bon entendeur !
Découvrez le texte d’Alfred Randall Wallace en intégralité et en version originale.
Avez-vous déjà rencontré ce fruit lors de vos voyages ? L’avez-vous goûté ? Comment décririez-vous l’odeur du durian ?
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