En pratique

Compenser ses émissions de CO2

Photos : Karl Delandsheere

On vous dit tout sur la compensation carbone, ce dispositif qui permet de neutraliser les émissions CO2 générées par les déplacements en avion.

Cet article n’est pas sponsorisé et a simplement pour but de vous informer et d’ouvrir le débat sur ce sujet.

À l’heure des marches pour le climat, de plus en plus de voyageurs prennent conscience de l’impact de leurs choix de voyage (et de consommation en général) sur le réchauffement climatique.

Certains prennent des résolutions drastiques : ne plus prendre l’avion du tout, privilégier la micro-aventure (le voyage à deux pas de chez soi), limiter le nombre de voyages en long courrier (une fois par an, une année sur deux…).

Certains ont décidé de carrément renoncer à cette vue familière des voyageurs au long cours…

Parmi la foule de gestes que nous pouvons toutes et tous adopter pour réduire notre empreinte carbone, il y a la compensation CO2. Comment ça marche ? Est-ce vraiment fiable ? On vous dit tout !

Compenser ses émissions de CO2 : le principe

La compensation volontaire des émissions de CO2 ou compensation carbone volontaire (par opposition à la compensation carbone obligatoire à laquelle peuvent être soumises les États et certaines entreprises) consiste à contrebalancer les émissions de carbone (générées par un vol en avion par exemple) en finançant un projet qui permettra de réduire d’autant les émissions de CO2. Ces projets peuvent être réalisés dans des pays en développement où l’on va par exemple installer des panneaux photovoltaïques pour alimenter une école. Il peut également s’agir de planter des arbres pour capturer les gaz à effet de serre.

La compensation carbone peut aussi s’appliquer à d’autres modes de transport, comme le bus.

À la base, il y a l’idée que puisqu’on partage la même atmosphère à l’échelle de la planète, on peut très bien compenser un vol Bruxelles-New-York en finançant un projet de développement durable en Ouganda ou au Vietnam.

Et en pratique, comment on fait ?

Une simple recherche sur Google vous permettra de trouver une foule d’opérateurs qui proposent de compenser volontairement vos émissions de CO2. Ils collectent l’argent et l’investissent ensuite dans des projets durables.

Pour compenser un vol, on vous demandera d’abord d’indiquer votre aéroport de départ et d’arrivée et d’encoder éventuellement d’autres informations comme la classe dans laquelle vous avez voyagé. Sur cette base, un calcul de vos émissions de CO2 est réalisé et on vous indique le montant à payer pour le compenser. Simple comme bonjour !

Calculer les émissions d’un vol est devenu très simple.

Prudence cependant : le marché de la compensation volontaire n’étant pas régulé, il faut faire preuve de vigilance sur le sérieux de l’opérateur auquel vous vous adressez. Pour aider les consommateurs, des labels ont été créés au niveau européen comme Gold Standard ou encore Verified Carbon Standard. En France, il existe aussi le label Bas-Carbone.

Si vous voyagez avec une agence ou avec certaines compagnies de transport, il peut arriver qu’on vous propose directement d’opter pour la compensation carbone de votre voyage au moment de la réservation.

Poudre aux yeux ou vraie solution ?

Compenser ses émissions pour partir le cœur léger ?

La compensation carbone ne fait pas l’unanimité et provoque pas mal de débats. Certains y voient un moyen facile de se donner bonne conscience sans véritable remise en question de ses habitudes. D’autres encore voient dans la compensation carbone une forme de néocolonialisme où les habitants des pays riches investissent dans des projets destinés à modifier les comportements des habitants des pays plus pauvres.

On peut également s’interroger sur l’efficacité réelle de la compensation carbone : on investit dans un projet qui mettra parfois plusieurs années à avoir un effet concret sur les émissions de CO2 alors que les émissions de gaz à effet de serre du vol sont, elles, déjà balancées dans l’atmosphère.

Personnellement, je pense que la compensation carbone n’est pas la panacée et qu’on ne doit pas se reposer uniquement sur elle. Mais on peut imaginer par exemple de ne prendre l’avion pour un long voyage qu’une année sur deux et compenser ce voyage.

Par ailleurs, je trouve que la compensation carbone a le mérite de faire prendre conscience de la quantité de CO2 émis par nos voyages en mettant un chiffre sur cette réalité.

Bref, tout n’est pas à jeter selon moi. Mais on est d’accord, on ne va pas sauver le monde en compensant ses vols.

3 questions à GreenTripper, opérateur de compensation CO2

Récemment, j’ai été invitée à participer à un débat autour des nouvelles technologies et du voyage. À cette occasion, j’ai rencontré Anne Robertz, directrice de GreenTripper, une société belge qui propose la compensation CO2.

J’en ai profité pour lui poser quelques questions…

J’ai rencontré Anne Robertz à l’occasion d’un débat sur le voyage à l’heure du numérique.

À qui s’adresse la compensation CO2 ?

À tout le monde : aux entreprises, aux professionnels du voyage, aux voyageurs ! Tout impact mérite d’être compensé, quel que soit la distance parcourue.

Pour calculer l’impact CO2 d’un vol, vous prenez en compte le forçage radiatif. De quoi s’agit-il ?

Le forçage radiatif ou effet de haute altitude est causé par les traînées de condensation (lignes blanches que l’on voit derrière un avion en vol). Ces traînées de condensation ont un effet de serre supplémentaire. Les scientifiques indépendants (ADEME, Bilan Carbon et autres scientifiques) estiment que le FR est équivalent à 2 fois l’impact des émissions CO2 produites suite à la combustion du kérosène.

Que réponds-tu aux gens qui disent que la compensation CO2 sert surtout à se donner bonne conscience ?

La compensation CO2 vient en dernier lieu et fait réellement la différence. Le but n’est pas de proposer la compensation et de dire qu’on peut tous voyager autant qu’on veut puisque la compensation existe mais plutôt de d’abord se rendre compte de son impact (calculer), le réduire (si possible prendre d’autres transports que l’avion ou voyager moins loin ou faire un grand voyage plutôt que 10 city-trips, d’éviter de faire des « sauts de puce » sur place…) et enfin de compenser ce qu’on n’a pas pu (ou voulu) réduire.

Et vous, qu’en pensez-vous ?

Seriez-vous prêt•e à compenser les émissions de gaz à effet de serre de vos prochains voyages ? Que pensez-vous de la compensation carbone ?

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