S’il y a quelque chose que j’ai appris de ces quelques années de voyage, c’est qu’il n’y a pas de région sans intérêt. Et pourtant, quand on m’a proposé de passer quelques jours à Bastogne, je n’ai pas pu m’empêcher de rire, un peu.
Bastogne, quand on habite Liège, c’est l’endroit touristique pour les américains nostalgiques. C’est aussi le milieu de « la Doyenne », Liège-Bastogne-Liège, pour ceux qui s’intéressent au cyclisme. Je ne m’y intéresse pas. Ou encore les biscuits Bastogne ! mais qui n’ont rien à voir avec la ville… Bref, j’ai rangé mes préjugés de liégeois, et j’ai accepté !
[Cet article a été rédigé suite à une invitation de la Maison du Tourisme de Bastogne. Comme toujours, nous gardons toute la liberté éditoriale sur le contenu présenté et nous choisissons librement de quoi nous avons envie de vous parler.]
Du coup, un beau matin, je me suis retrouvé dans le bus 1011, après plus de 10 ans à le regarder passer avec un certain soulagement mais aussi un peu de nostalgie ! Le 1011, c’est la ligne de bus la plus longue et la plus ancienne de Belgique. Elle relie Liège à Arlon, en passant par de nombreux villages, dont Harzé où j’habitais quand je vivais encore avec mes parents. Pendant 5 ans, je l’ai pris 2 fois par jour entre Liège et Harzé, et je peux vous dire que même si ce n’est que la moitié du trajet du 1011, c’est déjà long !
C’est donc dans le 1011 que je me dirige vers Bastogne. Pour l’anecdote, la seule fois où j’ai été jusque Bastogne avec ce bus, c’est parce que je m’étais endormi et que j’avais raté mon village… Cette fois, j’y vais précisément pour découvrir la région, sur l’invitation de la Maison du Tourisme du Pays de Bastogne (merci Alexandre !).
Au programme ? Aucune idée ! quand je l’ai demandé, on m’a répondu « surprise ». Pas très pratique pour faire le sac mais ceux qui me connaissent savent que ça ne bouscule pas trop mes habitudes vu que je suis généralement une bille en matière d’organisation de toutes façons… 😀
Bastogne, terre de mémoire mais pas que…
Comme je le disais, la première chose qui vient à l’esprit quand on parle de Bastogne, c’est la seconde guerre mondiale. Bataille des Ardennes, offensive Von Rundstedt, 101e aéroportée, « easy company », … Que l’on soit américain ou non, on en a tous pris plein la tête. Cours d’histoire, films (bons et mauvais), séries (bonnes et mauvaises), bouquins (… ok, vous avez compris), ou avec un peu de chance témoignages de nos grands parents ou du « vieux d’à côté », ce ne sont pas les sources et les canaux qui manquent. Il ne tient qu’à nous d’utiliser notre esprit critique pour faire la part des choses entre les versions ultra romancées de la propagande « macarthurienne », les histoires embellies de papi qui était dans la résistance (mais qui n’avait que 2 ans quand on fait le calcul), les récits sérieux, et les témoignages plus ou moins directs. Mais une chose est certaine : on a tous étés bassinés avec ça.
Attention, je ne dis pas que le devoir de mémoire est à remettre en question ! Que du contraire. Mais il gagnerait peut-être à évoluer pour trouver un juste milieu entre d’une part le besoin de certains de se recueillir et la fascination sans borne de quelques uns, et de l’autre les nouvelles formes de tourisme que tentent de développer certains acteurs.
Parce que le passé, c’est bien de s’en rappeler pour ne pas reproduire les mêmes conneries, mais faut aussi penser au présent et regarder vers l’avant. Si cette aura historique apporte un tourisme facile et efficace, via notamment la vente de souvenirs de toutes sortes, elle ne laisse, à mon sens, pas suffisamment de place pour développer tout ce que le Pays de Bastogne a à offrir d’autre. Et il y en a des choses à offrir !
Donc fermons cette parenthèse pour l’instant et entrons dans le vif du sujet.
Les petits producteurs
À peine les sacs déposés à l’hotel, on monte dans un van, direction Magerotte, à la rencontre 2 producteurs.
Le premier, Sébastien Demanez, est un ancien banquier qui a troqué son costard trois pièces et ses livres de compte pour un tablier et des brassins. Dans sa micro-brasserie (la brasserie Demanez, « pour faire simple »), il brasse 4 bières, toutes belges et bio. La BR Blanche, la BR Blonde, la BR Triple, et la BR de Noël ! Et le BR dans tout ça, c’est l’acronyme de Banquier Repenti ! Je suis fan :D.
Le second, Patrick Dourcy, a quitté la scène, après une carrière de musicien bien remplie, pour enfiler des bottes et s’occuper de sa petite ferme diversifiée, la Ferme d’Antan. Alors, Patrick, il m’a fallu 40 minutes pour m’en rendre compte, mais c’est l’ancien prof de harpe de Fred :D. Je ne l’avais jamais rencontré, mais j’en avais souvent entendu parler. Du coup, en plein milieu de la discussion, on a fait le rapprochement et on a commencé à parler musique. Maintenant, il produit des fromages au lait de chèvre et au lait de vache avec l’aide de ses quinze chèvres Saanen et ses deux vaches Jersey.
La particularité de la visite, c’est aussi que ces 2 producteurs sont voisins d’en face ! Alors après un petit historique au milieu des cuves et des casiers, et une visite des étables où on a fait plus ample connaissance avec la petite horde de chèvres, on a pu goûter tout ça tous ensemble. Autant les bières de Sébastien que les fromages de Patrick… une grosse claque !
Mais qui dit petits producteurs dit souvent circuit court et distribution locale. Sébastien et Patrick ne dérogent pas à cette règle. Le moyen le plus simple de trouver leurs produits, c’est de les contacter. Vous trouverez toutes les infos pour ça sur leurs sites respectifs.
La nature
Pour le côté nature, c’est du côté de Sainte-Ode que les choses se passent. Il y a quelques mois, j’avais découvert le parc naturel des deux Ourthes en packraft lors d’un weekend, cette fois j’y reviens mais pour découvrir la marche nordique ! Beaucoup pensent connaître la marche nordique (et j’en faisais partie). C’est pas compliqué, il suffit de marcher bizarrement avec des batons en se dandinant avec un air super pressé, hein ? Bah, y a pas plus loin que ça, à part qu’il y a bien des batons et qu’on se dandine quand même un peu, faut avouer.
C’est Claire Georis qui nous initie à la technique et nous guide à travers bois dans l’Ardenne Nordic Park pour 2h de randonnée sportive qui font du bien !
Le tourisme de mémoire
Le tourisme de mémoire n’est pas obligé d’être chiant ! C’est ce que j’ai découvert en compagnie de Joel Lamberty et Paul Van Daele, tous deux guides de mémoire à Bastogne. Nous avons passé une matinée sur les traces de la 101e aéroportée, à bord d’une authentique Dodge de l’armée américaine. Au programme, l’incontournable mémorial du Mardasson, le Bois Jacques et ses célèbres foxholes, et d’innombrables anecdotes.
Mais le plus intéressant pour moi a été de visiter le cimetière allemand de Recogne. Je n’avais jamais vu de cimetière allemand. Est-ce parce qu’ils sont beaucoup moins spectaculaires que les cimetières américains ? Ou parce que l’Histoire est toujours écrite par les vainqueurs ? Ou simplement parce que l’on se sent moins proche de l’ennemi ? Un peu de tout peut-être. Tant et si bien que jamais de toutes les années que j’ai passées à l’école, malgré les visites et les travaux de civisme et d’histoire, n’avais-je visité un cimetière allemand.
Le patrimoine
Côté patrimoine, j’ai eu l’occasion de visiter le Chateau de Rolley. Situé à Bertogne, ce chateau est un lieu chargé d’histoire. La 101st Airborne y installa son quartier général, McAuliffe y fut décoré par Patton, et si ça ne suffit pas, Charles le Téméraire, himself, s’est recueilli dans la chapelle du chateau en 1475. Rien que ça…
Le domaine est magnifique, et aujourd’hui on peut parfois y passer une nuit en Airbnb. Tentant !
En pratique
Se rendre à Bastogne
J’y suis allé en bus avec le 1011. Prévoyez de la lecture, comme par exemple « 1011 liaisons d’un jour » de Benoit Califice qui sera parfaitement adapté au voyage ;).
Même s’il y a une gare du nom de « Bastogne-Sud », il n’y a pas de train allant jusqu’à Bastogne (désolé pour les amoureux du rail). Du coup, ça sera le bus ou vos propres moyens.
Manger à Bastogne
Si comme moi vous êtes végétarien, Bastogne, c’est pas tout à fait ça… Ma visite était encadrée et je n’ai pas pu faire mes propres choix d’établissements donc ça joue peut-être dans l’idée que j’ai pu me faire de la région. Il y a peut-être des endroits qui sortent du lot mais alors je ne les connais pas. Mon constat est que Bastogne n’est pas prête à accueillir une clientèle végétarienne qui pourtant est grandissante.
J’ai trouvé des options végétariennes à chaque endroit où j’ai mangé, mais elles ne m’ont pas époustouflé par leur diversité ni leur originalité. J’ai tout de même particulièrement apprécié un plat d’asperges à la flamande servi au Wagon Léo. C’était le seul plat végétarien, mais il était très bon (faut dire que le resto est dans le Gault et Millau aussi).
Pour les vegan, là, c’est mort. Voilà, voilà.
Dormir à Bastogne
Je suis resté à l’Hotel Melba qui est un 4 étoiles, avec tout le confort et les commodités que l’on peut attendre dans un établissement de ce standing.
Si vous êtes plus attiré par des logements de caractère, il y a un grand choix sur Airbnb.
Activités
Pour les adeptes de la randonnée et/ou de la marche nordique, Sainte-Ode est « the place to be » et offre des itinéraires variés dans le parc naturel des deux Ourthes et l’Ardenne Nordic Park. Je recommande vraiment !
Si vous êtes branché histoire et 2e guerre mondiale, c’est simple. Mardasson, Bastogne War Museum, tours guidés, en veux-tu ? en voilà ! Le tour en Dodge auquel j’ai assisté était top. Vous pouvez parler à Joel Lamberty et Paul Van Daele si ça vous intéresse !
Bonus !
Comme toujours, y en a un peu plus, je vous le mets quand même ?